Pådje:Léon Bernus - Les faufes dè J. Lafontaine in patoès d’Chaleroèt, 1872.djvu/14

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préface.

parceque l’on y voit les choses appelées par leurs noms propres, sans gaze, sans détour, sans scrupule. Or, pour écrire le langage du peuple, si je puis m’exprimer ainsi, j’ai du rester dans le vrai, c’est-à-dire, m’exprimer comme lui, sans tenir compte des usages reçus, ou des expressions sanctionnées.

C’est là ce qui m’avait fait renoncer jusqu’ici à la publication de mes Poésies Wallonnes, lorsque j’appris que plusieurs villes de Belgique, notamment Liége, voyaient se créer chez elles des Sociétés Philologiques s’appliquant à l’étude des différents dialectes du wallon, et même que des philologues étrangers s’étaient joints à elles dans ces recherches qui ne sont pas sans intérêt pour la linguistique. Ces publications me déterminèrent à présenter au public un échantillon du patois de Charleroi.

Voyant du reste comment Victor Hugo a étalé et rehaussé dans ses Misérables, le mot à jamais sublime de l’immortel Cambronne, je me suis débarrassé des scrupules qui m’enchaînaient.

Quant à la manière dont mes vers sont écrits, j’ai du en improviser l’ortographe, que j’ai rapprochée le plus possible des assonnances de notre patois, qui sont parfois impossibles à rendre.

J’ai choisi les fables de Lafontaine comme principal plan de mes compositions, parceque comme je l’ai dit plus haut, il se rapproche de notre originalité, et ses fables seront toujours des leçons bienfaisantes, et des vérités incontestables pour l’humanité. En outre puisque Phèdre traduit Esope et que Lafontaine imita Phèdre, j’ai cru l’idée originale de traduire Lafontaine dans le langage du peuple, quoique sans prétention de ma part.

Je n’en ai pas reproduit toutes les fables car plusieurs nous